On a oublié depuis longtemps que la fonction essentielle de l’agriculture est la production de denrées alimentaires en quantité et qualité
suffisantes. L’instauration du Traité de Rome avec la politique agricole commune (PAC) avait fixé comme objectif l'accroissement de la productivité de l'agriculture, afin que
l'Europe puisse atteindre l'autosuffisance alimentaire.
Aujourd’hui, face à la crise agricole – particulièrement en France – ce modèle productiviste a fait long feu, les cultivateurs et les éleveurs
réclamant à cor et à cri des milliards d’euros « pour sauver l’agriculture » qu’il s’agisse d’aides, de dégrèvements ou carrément de subventions.
Pour sauver les filières, il faut investir pour développer la compétitivité et donc industrialiser les élevages. A l’objectif premier de
l’agriculture – produire des denrées alimentaires – se substitue alors une autre activité : produire du gaz ou de l’électricité avec les déjections animales et autres déchets. La
ferme des « mille vaches » ne produit pas seulement du lait, mais de l’électricité, et par le biais des méthaniseurs les éleveurs se transforment en producteurs de gaz.
Coup double : la méthanisation qui permet de produire de l’énergie, permet également aux agriculteurs de « diversifier leurs ressources
financières », qui plus est avec une belle devanture « écologique »...
L’objectif que s’est assigné l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) est de créer 130 méthaniseurs par an à coups de
subventions. Mais cela ne suffit pas. L’énergie dite « verte » ainsi produite bénéficie d’une fiscalité particulièrement avantageuse, et les
kilowattheures sont rachetés par EDF au prix fort. Le biogaz devrait également bénéficier de ces tarifs « préférentiels » lorsqu’il sera injecté dans le réseau. Toute l’énergie «
verte » bénéficie de ce dispositif.
Qui paye la facture ?
C’est vous et moi, par le biais de la contribution au service public de l'électricité (CSPE). Il s’agit d’un prélèvement de nature fiscale que tous
les consommateurs d'électricité peuvent constater directement sur la facture. En 2015, cet impôt – appelons-le ainsi – s’élèvera à 6, 3 milliards d’euros. La CSPE représente
environ 15 % de la facture moyenne d'électricité des ménages en 2015, et permet d'assurer le financement des énergies renouvelables (100 milliards d'euros engagés).
La CSPE étant devenue un peu trop « visible », il est envisagé de la faire disparaître des factures EDF où elle réapparaîtra certainement par le
biais d’un surcoût tarifaire plus indolore... parce que non apparent.
La méthanisation : pour ou contre ?
On ne peut pas s’opposer radicalement à la production de biogaz, celle-ci permettant le traitement des déchets organiques, la production d’énergie
renouvelable, la production d’un « digestat » utilisable en agriculture et permet la diminution indirecte des gaz à effet de serre.
En revanche, ce qui pose problème aujourd’hui, c’est le développement anarchique des unités de méthanisation, la question de l’intérêt réel pour
l’environnement, les dangers potentiels des installations, le coût énorme pesant sur les fonds publics à travers la revente de l’électricité et des subventions.
Quels dangers majeurs ?
On comprendra aisément que produire du méthane, un gaz instable, explosif, qui pue et asphyxie en cas de saturation, n’est pas une opération exempte
de dangers. Les installations industrielles qui manipulent ce genre de produit sont soumises à des contraintes drastiques de sécurité. Il ne peut en être autrement pour les
méthaniseurs.
« Ça fait du bien à la planète ? »
Selon une récente étude de l’association Eaux et Rivières de Bretagne : « un méthaniseur rejette autant d’azote
qu’il en ingurgite à travers les déjections du bétail, et, une fois dans l’air, la quasi-totalité de cet azote devient de l’ammoniaque, qui forme à son
tour du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre. L’ammoniaque génère aussi des particules fines, ces fameux micropolluants soupçonnés de provoquer des cancers du poumon.
»
Dans le pays bigouden
A proximité du spot de surf de La Torche et d'une zone Natura 2000,un groupement d'agriculteurs réunis au seins de la SAS «
Agri-méthaniers Bigoudens » (on notera qu’il ne s’agit plus d’agriculteurs, mais... de producteurs de gaz) a pour projet de construire une unité de
production de gaz de 250 KW sur la commune de Plomeur sur le site de Kerveret. Ce projet a fait l’objet d’une décision favorable du préfet en août 2014, malgré l’opposition du
maire et des riverains. Le lieu d’implantation se situe « à 500 m d'une zone Natura 2000, à 20 m d'un ruisseau qui se jette ensuite dans la mer, à 100 m d'un
lotissement, au cœur d'une zone peuplée et au droit d'une zone humide potentielle. »
L'association La Torche-nature-environnement a déposé un recours envers le permis de construire et le dossier ICPE
(Installations Classées pour la Protection de l'Environnement). Un recours a été déposé devant le tribunal administratif contre le permis de construire.
Site internet de l’association : http://latorche-nature-environnement.jimdo.com/
La section bigoudène du PCF apporte tout son soutien à la lutte de l’association pour le respect de l’environnement.